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Nos sols se meurent et nous n'allons pas mieux !

La succession de crises que nous vivons depuis deux ans, je dirais soixante-dix ans, nous place face à la réalité. Des incendies gigantesques se répandent sur une partie de la planète alors que des inondations meurtrières affectent une autre partie. Nos sols se meurent et nous n'allons pas mieux !

 

La mondialisation de l'agriculture nous met face à notre dépendance. Nous qui étions un pays agricole de terroirs, nous sommes devenus dépendants du blé ukrainien, des tomates espagnoles, des haricots verts du Kenya et des oignons de l'autre bout de la planète qui coûtent souvent moins chers que nos bons oignons locaux. Les prix des denrées alimentaires se calculent à Wall Street, un comble !

 

L’Inra s'inquiète

 

Il y a peu de temps cet organisme a lancé un programme, « Recherche appliquée sur les fonctions naturelles des écosystèmes, notamment des bactéries et champignons endophytes, facteur de croissance et de santé des plantes ».

En quoi cela consiste-t-il ? Grâce à la découverte récente des microbiotes et des microbiomes, c'est-à-dire les espèces génétiques des microbes, L’Inra s’est aperçu que les sols modernes n'abritaient plus ce monde microbien riche en mycéliums, en champignons, en bactéries bénéfiques, en vers de terre indispensables, bref tout un écosystème symbiotique qui est, hélas, en voie de disparition. Les sols dégradés détruisent à leur tour les écosystèmes agricoles, en parallèle à l'effondrement du microbiote dans les végétaux modernes.

Ces aliments issus de cette agriculture intensive ne peuvent plus nourrir le microbiote intestinal, et notre santé dépend de ce microbiote.

 

Cette agriculture du futur, sujet du programme de l’Inra, qui, je l'espère, pourra voir le jour, est fondée sur la reconstitution des équilibres biologiques des sols et des plantes que la chimie de synthèse a compromis depuis un siècle. Nous sommes face à un véritable changement de paradigme dans l'imaginaire collectif : le microbe ne doit plus être considéré comme l'ennemi héréditaire mais comme notre principal allié.


Découvrez la suite de cet article de Marion Kaplan dans le numéro 39 !